Palais Barbarigo, à Venise, durant le Carnaval. Entre les convives, une rumeur court, Jean Borgia a été précipité dans le Tibre par son frère César. En 3 actes, Victor Hugo impute à Lucrèce toute l’infamie des Borgia, de ses frères César et Jean, et de son père le Pape Alexandre VI, pour mieux l’absoudre dans un face à face avec Gennaro, son fils : «La maternité purifiant la difformité morale, voilà Lucrèce Borgia» écrit-il dans sa préface. Pour traduire, aujourd’hui, le souffle rageur, et non moins poétique, de ce drame romantique où abondent les émotions premières, pulsions et répulsions, Lucie Berelowitsch réunit une palette d’acteurs aux forts tempéraments. Les mots de Victor Hugo s’agrégeront à des partitions musicales et chorégraphiques écrites au fur et à mesure du travail de plateau pendant la résidence, utilisant les ressources architecturales et sonores de la nouvelle configuration technique du Théâtre à l’Italienne. Car c’est un travail de troupe, collectif et fusionnel, de la musique originale à la lumière en passant par l’interprétation, qu’entend bien mener la metteure en scène. La compagnie des 3 sentiers, qui vient de s’implanter en Basse-Normandie, nous offre une échappée théâtrale organique et onirique. Et Victor Hugo est à la barre !
Avez-vous lu Victor Hugo ?
Je repense beaucoup à ce titre du livre d’Aragon. J’ai commencé un travail sur Lucrèce Borgia, il y a deux ans, lors d'un atelier de théâtre. En mai dernier, dans des châteaux du Cotentin, nous avons créé un spectacle déambulatoire à partir des séances de spiritisme de Victor Hugo lors de son exil à Jersey. Ainsi, je le redécouvre ou plutôt le découvre, comme si j'entrevoyais à chaque fois une nouvelle facette de son oeuvre. Si l'on part du principe que chaque pièce pour Hugo représente une expérience de pensée, Lucrèce Borgia questionne la position de la femme dans une société patriarcale. Si Lucrèce est monstrueuse, peut-être est-ce avant tout un effet de la monstruosité de ces hommes autour d'elle, de ses frères et de son père le pape, et lorsqu'elle aspire à une rédemption possible, elle est rattrapée par son nom, son histoire, par ce qu'elle représente dans la société.
Lucie Berelowitsch
Le théâtre est un point d’optique. Tout ce qui existe dans le monde, dans l’histoire, dans la vie, dans l’homme, tout doit et peut s’y réfléchir, mais sous la baguette magique de l’art.
Victor Hugo, préface de Cromwell, 1827
Compagnie Les 3 sentiers.
Mise en scène Lucie Berelowitsch. Musique Sylvain Jacques. Lumières Sébastien Michaud. Scénographie Kristelle Paré. Costumes Caroline Tavernier. Régie générale François Fauvel et Jean-Luc Briand. Régie plateau Christèle Lefebvre. Régie son Franck Lauwrence. Conseil chorégraphique Nasser Martin Gousset. Dramaturgie et assistanat à la mise en scène Kevin Keiss. Administration de production Fanny Descazeaux. Chargée de diffusion Claire Dupont.
Avec Guillaume Bachelé, Pierre Devérines, Antoine Ferron, Jonathan Genet, Julien Gosselin, Marina Hands, Thibault Lacroix, Rodolphe Poulain, Nino Rocher, Elie Triffault.
Production Compagnie Les 3 sentiers.
Coproduction Les Producteurs Associés de Normandie : le Trident, Scène nationale de Cherbourg-Octeville, le Préau, Centre Dramatique Régional de Basse-Normandie, le Théâtre des Deux Rives, Centre Dramatique Régional de Haute-Normandie, la Comédie de Caen, Centre Dramatique National de Normandie.
Le Centre Dramatique Régional de Tours.
Avec l’aide à la production dramatique de la DRAC Basse-Normandie, de la Région Basse-Normandie et du Conseil Général de la Manche.
Avec le soutien de la Spedidam et de la Ville de Cherbourg-Octeville.
Avec la participation artistique du Jeune Théâtre National et du Théâtre National de Bretagne.