Michel Jonasz en trio

Nous n'avions pas vu le temps passer car Mister Swing nous étonne encore. Pour souligner de si nombreuses et fructueuses années en musique, d'autres auraient choisi le biais d'une compilation. Lui choisit de poursuivre son bel ouvrage et concocte un hommage merveilleux et surprenant.

«Dans mes souvenirs, tout commence dans les années 50 au quatrième étage d'un immeuble de Drancy, aux Quatre Routes, au-dessus d'un cafétabac. Une cuisine minuscule, une seule chambre où vivaient quatre personnes : mon père, ma mère, ma soeur, moi et un seul objet de luxe, une belle et vieille radio et son cadre en bois vernis…» Doux, rêveur et joyeux, réservé et généreux, inventif et sans étiquette musicale, Michel Jonasz l'a toujours été, en occupant une place un peu à part mais toujours sur le devant de la scène française. Aujourd'hui, il sait se faire plus rare, comme atteint d'une sérénité bienheureuse. Après Pôle Ouest, son treizième album né au début de ce millénaire où jaillissait toute sa verve, c'est un parcours aux sources de son inspiration qu'a engagé l'auteur-compositeur. Premier volet d'une trilogie, l'album Chanson française (2007) sera suivi, « si Dieu le veut, d'un projet consacré au blues et d'un autre, comme une histoire de famille, qui sera dédié à la musique tzigane ». Il revisite avec audace et liberté ce qui a nourri son art et sa manière, toute particulière, de swinguer : la musique tzigane hongroise, Edith Piaf, Georges Brassens, Jacques Brel, Léo Ferré, les années 60, Ray Charles et le blues, le Golf Drouot et le rock n'roll, son rock n'roll !