Ruptures de styles, costumes et accessoires hybrides, personnages mystérieux et inattendus, ces petites pièces charrient leur lot de découvertes, d'audaces, de réflexions inédites et de fantaisie débridée. En 1989, cette pièce historique était donnée au Théâtre à l'Italienne à Cherbourg et le chorégraphe Dominique Bagouet renouvelait alors la danse de façon drastique. En 2008, le passé se conjugue au futur et Les petites pièces de Berlin insufflent à nouveau l'envie de danser !
Pour comprendre la fascination que provoque toujours le chorégraphe Dominique Bagouet, il faut découvrir ou redécouvrir Les petites pièces de Berlin portées par le Ballet de Lorraine, une troupe qui non seulement s'approprie cette partition avec bonheur mais qui rend surtout sensible la présence de la personne plutôt que celle du danseur. Avec Les petites pièces de Berlin créées en 1988, à la Biennale de la danse de Lyon, Dominique Bagouet s'interroge, le premier, sur la place de l'interprète : « d'abord un espace précaire et anonyme qui pourrait être une salle d'attente. La danse installe une occupation d'abord partielle du temps et du lieu. Elle ne raconte pas mais s'attache à faire exister des individus et leurs rencontres. Si la pièce principale du spectacle, la dernière, était une toile, elle serait précédée d'esquisses, de détails du tableau agrandis et recadrés ». D'où cinq petites pièces abstraites, raffinées et complexes, qui privilégient le fragment et l'intime et une danse drôle et grave dans un décor graphique : des spirales et des zigzags sont peints sur une toile de fond et une série de dix bancs cubiques est redisposée de façon différente par les danseurs à chaque intermède dansé. Cette recréation, avec ses piétinements et ses grands sauts, bouleverse par l'envie irrésistible de renouveau et de mouvement.