Le munshid chante le soufisme. Une voix profonde et céleste, accompagnée uniquement de percussions, semble se matérialiser par la présence presque métaphysique des derviches tourneurs. Dans ce tournoiement infini qui nous renvoie à l'origine d'un rituel fondateur où la terre et l'air semblent fusionner, un langage poétique naît et nous fait voguer à la surface des sons. Un rendez-vous exceptionnel, avec Noureddine Khourshid, chanteur de la grande mosquée de Damas, l'une des grandes voix du monde arabe.
Initié au soufisme dès l'âge de cinq ans par son père, le cheikh Abou al-Nour, Noureddine Khourshid est tenu, en Syrie, pour l'un des plus grands récitants du Coran. Le soufisme est la dimension mystique de l'Islam, les mots ne suffisent pas à l'expliquer, c'est avant tout une pratique et une expérience. Les soufis, motivés par un amour profond et désespéré, cherchent à se rapprocher d'Allah, une voie spirituelle chantée par une voix habitée.
Noureddine Khourshid vit les poèmes, il transmet ce qui est, ce qu'il porte dans son coeur. Il chante la poésie en douceur, la savoure, répétant volontairement, insistant toujours. L'étendue de son timbre vocal ponctué de pleurs, de chuchotements, de paroles, de soupirs, fait éclater le texte. Brisant ainsi le sens établi, Noureddine Khourshid fait de tout une musique. Son chant, à la fois doux et triste, projette des nuances de vie, d'amour mystique, de joie extatique, de désir et de passion. Le corps s'abandonne aux sons, les derviches tournent et la poésie prend corps.
Production Zaman arts.