On ne badine pas avec l'amour

Camille et Perdican ont à peine vingt ans. L'adolescence résonne encore dans leurs quêtes d'absolu. L'âge adulte les guette déjà, embusqué dans les vanités du monde, la trahison, la raison, l'orgueil, la dissimulation. Alors ils jouent -avec insouciance ? par naïveté ?- avec l'amour et le langage... "On ne badine pas avec l'amour", écrite en 1834 par un Alfred de Musset "blessé d'amour" par sa relation tumultueuse avec George Sand, a la fraîcheur d'une œuvre de jeunesse et la fulgurance de sa charge subversive. C'est une "pièce à vif", tout y va très vite, comme une fuite en avant, une machine qui déraille. C'est un bijou théâtral qui traverse la farce grotesque, le drame romantique et la tragédie, dont s'empare la compagnie Fièvre, pour (re)dire, ici et maintenant, ce qui reste, dans cet "égout sans fond" qu'est le monde, "une chose sainte et sublime" !