Quatrevingt-treize

1793, année de Terreur. Héroïque et sanglante, cette page de la Révolution française fut l’année de tous les dangers pour la très jeune République. Victor Hugo a livré, au soir de sa vie, une fresque immense : Quatrevingt-treize. La leçon d’histoire est magistrale, le plaidoyer littéraire aigu. Godefroy Segal et sa poignée d’acteurs pratiquent le théâtre épique avec bonheur et limpidité.
Du 3 au 5 avril 2012
Informations séances, tarifs, ...

« Moi, si je faisais l’histoire de la Révolution (et je la ferai), je dirais tous les crimes des révolutionnaires, seulement je dirais quels sont les vrais coupables, ce sont les crimes de la monarchie ». Victor Hugo, note de 1854

les cinq acteurs qui jouent tous les rôles, s’offrent au roman d’Hugo avec un dévouement absolu, Prêtant leur souffle au texte comme aux bruits du vent, de l’océan ou des flammes. Car dans ce spectacle, on ne cherche pas l’effet, on montre tout : la toile secouée pour faire entendre les voiles d’un navire, les percussions utilisées pour accompagner une action militaire, les pétards lancés pour faire sentir l’odeur de la poudre, les sifflements d’un acteur qui mime le vent… (...) de batailles en dilemmes politiques, de tour enflammée en cellule de prison…

par Judith Sibony in lemonde.fr, 22 juillet 2010

 

Note d’intention

J’ai souvent dit à mes enfants que la Révolution Française avait été un des exploits les plus titanesques de l’homme. Le pied d’Armstrong sur la lune est un pas de fainéant comparé à cette foulée sauvage qui a fait chuter plus de 1200 années d’histoire. 

Quel coup de pied ! Quel pas ! Quel exemple ! Oui, quel exemple, car il y a de l’exemplarité là-dedans. Hugo nous parlait de devoir. Pas celui de mémoire, de repentance, d’épanchement de sentiments. Non pas que cela soit inintéressant, mais Hugo, lui, faisait appel au devoir d’histoire. De savoir. De conscience. Pas un petit effort ressemblant à une minute de silence : ce devoir, cette « montagne » comme il l’aimait à l’appeler, ce 93 monumental, ce colosse, cette année mono-humaine, c’est une vie entière qu’il passa à la ressasser, la mastiquer, la ruminer, la réfléchir, la penser. Jeune, son coeur était tourné vers sa mère, la vendéenne. Plus tard, la raison lui révéla l’héroïsme, l’humanité de son père le républicain. Et il n’y a pas de manichéisme là-dedans. Il y a du sentiment humain et de la complexité humaine.

Quatrevingt-treize est le dernier roman de Victor Hugo. Cette oeuvre testamentaire nous prend la tête, le coeur, la peau, les poils. Nous adorons être pris ! Cette oeuvre, elle est virtuose, elle est l’oeuvre d’un géant. Et elle nous prend la main, nous citoyens, elle nous prend la main et nous rappelle, chaque fois, la naissance de notre fragile liberté, de notre fragile égalité et de notre fragile fraternité.

La compagnie In Cauda porte ce projet depuis plus d’une dizaine d’années. Quatrevingt-treize d’Hugo fait partie de ces oeuvres qui nous donnent notre raison d’être. En tant qu’hommes et femmes. Et également en tant que gens de théâtre.

Il y a une nécessité de transmission là-dedans. C’est l’essence même du théâtre. D’autant plus qu’Hugo avait longtemps hésité, pour la forme de cette oeuvre, entre le roman et le théâtre. Ce fut le roman, mais avec des dialogues à foison, des scènes d’anthologie comme le dîner de Danton, Robespierre et Marat.

Nous pensons que le roman emporta la faveur de l’auteur, tant l’épique est présent. Quand nous parlons de volcan, c’est faire pâle figure face à la démesure du contenu des chapitres ! Nous sommes en mer, nous sommes au coeur d’une bataille, nous sommes en plein débat parlementaire à l’assemblée nationale ! Le théâtre en perdrait définitivement ses règles !

Pourtant, nous avons pensé et élaboré une forme qui respecte le contenant qu’est une scène (minuscule ou immense) avec ce fond rageur, voyageur, peuplé de milliers d’hommes : un écran sur lequel 75 tableaux de Jean-Michel Hannecart sont projetés en tant que peintures. L’oeil du spectateur a le temps d’errer. Il n’est pas contraint comme au cinéma. Il respecte l’éveil, l’écho et la profondeur. Ce peintre français est l’un des rares à utiliser encore la craie comme base de pigment. Ces noirs, blancs et gris rivalisent avec les plus belles gravures de cette époque révolutionnaire. Ses toiles ont en même temps une véritable valeur contemporaine. Elles sont des impressions, des introspections. Leur matière interroge l’histoire et l’homme.

Cinq comédiens, face aux spectateurs, armés d’accessoires sonores et de leur talent. Ce sont eux qui vont tout raconter, tout jouer, continuellement soutenus par les toiles d’Hannecart qui jaillissent derrière eux. On verra, on entendra, les peintures se mettront à bouger en écho avec leurs corps. Ce face à face est pour nous essentiel. Il représente le tribun. Il représente l’engagement de la parole par le viatique du regard. La langue ment. Le regard moins. C’est en face, yeux dans les yeux que nous voulons livrer cette oeuvre envoûtante, poignante et citoyenne.

(...) nous nous présenterons, afin de livrer sous l’influence d’une narration relais, de dialogue, de la mer, de coups de canon, du chant des oiseaux et du roulement de tambour cette histoire que nous nous devons de transmettre. Deux heures de plaisir, de peur, de larmes et de conscience. L’enjeu de cette adaptation était de conjuguer un temps possible pour le plaisir de l’écoute et un temps possible pour l’épique. Cela sans sacrifier le temps nécessaire de la respiration, du silence qui précède la tempête.

Godefroy Segal 

Distribution
Production
Autour du spectacle
In Cauda. Adaptation et mise en scène Godefroy Segal. Peintures Jean-Michel Hannecart. Projections Benjamin Yvert. Assistante à la mise en scène Mathilde Priolet. Adaptation scénique publiée aux Editions Venenum et disponible à l’issue du spectacle. Avec Géraldine Asselin, François Delaive, Nathalie Hanrion, Alexis Perret, Boris Rehlinger.

Production In Cauda avec le soutien de la ville de Magny-les-hameaux, la communauté d’agglomération de Saint Quentin en Yvelines, La Drac Ile de France, Lilas en scène, Jipanco et l’aide à la diffusion d’ARCADI.
www.compagnieincauda.com
Spectacle accueilli avec le soutien de l’ONDA, Office national de diffusion artistique.

Quatrevingt-treize
billetterie
INFOS
Théâtre
Durée : 1h50
Public : de Victor Hugo
Ouverture billetterie : 3 mars
Séances
MAR. 3 AVRIL à 19h30
JEU. 5 AVRIL à 20h30
TARIFS
Plein tarif 20€
Tarif réduit 11€ (Abonnés 7++, Moins de 26 ans, Demandeurs d'emploi, étudiants de moins de 30 ans, Bénéficiaires de RSA)
moins de 13 ans 7€
Abonné 4++ 14€
Abonné 5++ 9€
Abonné 3++ 6€
Informations sur les réservations S'abonner
Plan du site | Mentions légales | Contact | Création, hébergement : Net-conception.com