Toâ

Pétainiste supposé, misogyne affirmé, auteur dramatique ostracisé, ami des Impressionnistes et auteur de comédies légères, Sacha Guitry reste un auteur méconnu, à la réputation contrastée. La Piccola Familia en dessine un autoportrait, autour des thèmes chers à l'auteur : la supériorité du théâtre sur la vie, l'éternité de l'amour, les tourments du réel. Une lecture libérée des carcans idéologiques, jubilatoire et foisonnante.
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Pour sa première mise en scène en 2007, Thomas Jolly avait choisi de travailler sur Arlequin poli par l'amour de Marivaux et nous avait livré un manifeste mélancolique et joyeux de la fin de l'adolescence. Toâ est l'une des 155 pièces écrites par Sacha Guitry. Aujourd'hui encore, l'auteur est précédé d'une réputation contrastée. Pétainiste supposé, misogyne affirmé, auteur dramatique ostracisé mais aussi collectionneur d'art, pionnier du cinéma documentaire et ami des Impressionnistes, le personnage de Sacha Guitry est largement méconnu. Thomas Jolly et sa compagnie, la Piccola Familia, nous en proposent justement aujourd'hui une lecture libérée des carcans idéologiques, jubilatoire et foisonnante.

Thomas Jolly interprète lui-même le rôle joué en 1949 par Sacha Guitry, celui de Michel Desnoyers, auteur dramatique écrivant une pièce de théâtre après une rupture amoureuse. L'homme se trouve face à un ennemi invisible et redoutable : le réel, où plutôt les réalités du monde puisque le presque vrai, le totalement inventé et le plus vrai que le vrai cohabitent dans une panique pétillante. La Piccola Familia revendique un théâtre de troupe, inventif et spirituel, qui fait la part belle à la machinerie théâtrale. La lecture de Thomas Jolly dessine l'autoportrait que Guitry nous livre dans cette pièce, autour des thèmes qui lui sont chers : la supériorité du théâtre sur la vie, l'éternité de l'amour, les tourments du réel.

« La langue de Sacha Guitry est une langue du trop, de l'excès, jonchée d'une multitude de signes derrière laquelle apparaît une extrême connaissance du plateau : c'est un acteur qui écrit. C'est un auteur qui pratique le plateau et qui manie avec virtuosité les rythmes, les ruptures et le dialogue. C'est une langue vive et luxuriante, omniprésente, qui file à toute allure et ne s'arrête que très rarement, offrant à chacun des silences une épaisseur propre à la laisser résonner de toute sa densité. Car lorsqu'on se penche sur elle, quand on cherche à écarter les modèles coriaces et la musique qu'elle peut engendrer, on accède à sa profondeur de sens, bien loin de l'apparente légèreté dont on l'affuble. (...)

C'est une « pièce-bilan » pour Sacha Guitry. Il pose sur lui-même et sur son théâtre, un regard honnête, juste et objectif.(...) Derrière l'auteur à succès il y a l'homme, il y a l'artiste, et c'est sur lui que Sacha Guitry dirige son regard et le nôtre et le mien. C'est sur ce point sans doute que Sacha Guitry est fascinant. Il a fait l'expérience d'aller au bout d'une définition résolument moderne : l'acteur n'est pas un bout de pâte à modeler qui « se glisse dans la peau de personnages ». L'acteur c'est un être. Avec une histoire, une sensibilité, un corps, une pensée, une voix. L'acteur est son propre outil de travail. L'acteur travaille avec lui, part de lui, à partir de lui, en lui, pour lui, il s'utilise, il use de lui. Sacha Guitry s'est injecté dans tout le processus théâtral : écriture, mise en scène, jeu, ses épouses jouaient ses épouses, son père jouait son père, jusqu'à reproduire sur scène sa propre demeure. Il s'est utilisé en entier. Mêlant sa vie privée avec sa vie publique, faisant du spectaculaire avec son intime. Dans Toâ, il atteint un extrême en s'écrivant un rôle d'auteur écrivant sur sa propre intimité… et se brûlant les doigts, à trop jouer avec le feu des projecteurs. (...)

La langue de Guitry se suffit à elle-même, elle fait rire et l'acteur a pour seul travail, comme toujours, de penser. Et donc de faire entendre la pensée de Guitry, pensée d'un homme, d'un homme de théâtre, d'un artiste, praticien et théoricien de son art. Je cite Pasolini qui disait que le charme de l'acteur ne doit pas prévaloir sur le sens de ce qu'il dit. Et c'est tout l'enjeu de mon travail sur cette pièce : faire entendre la pensée avant de chercher à produire l'effet voulu, ou pire, ce qu'on croit être l'effet voulu. L'acteur, « porte-parole » de cette langue la laissera créer d'elle-même ses effets, comiques ou non.»

Thomas Jolly, septembre 2007.

Toâ (résidence, création, production déléguée) sera présentée 30 fois à Cherbourg, Lillebonne, Vire, Eu, Saint-Valéry en Caux, Rouen, Granville, Fort de France, Bayeux, Neufchâtel de Bray, Caen, et repris en 2009-2010 (tournée en cours)

Distribution
Production

Compagnie la Piccola Familia.

Mise en scène Thomas Jolly.
Création lumière Dimitri Braconnier.
Conseil à la scénogaphie Claude Chestier.
Réalisations techniques Le Trident-Scène nationale de Cherbourg-Octeville.
Avec Alexandre Dain, Flora Diguet, Emeline Frémont, Thomas Jolly, Julie Lerat-Gersant, Charline Porrone.

Coproduction les producteurs associés de Basse-Normandie.

Production La Piccola Familia, le Trident Scène nationale de Cherbourg-Octeville, Coproduction les producteurs associés de
Basse-Normandie, le Rayon Vert-Scène conventionnée de Saint-Valéry-en-Caux.

Avec le soutien du Ministère de la Culture et de la communication DRAC Haute-Normandie, du Conseil Régional de Haute-Normandie, du Conseil Général de Seine-Maritime

Avec l’aide de l’Odia Normandie, de l’ADAMI, du Théâtre National de Bretagne, Production déléguée le Trident Scène
nationale de Cherbourg-Octeville.

Création le 21 janvier au Trident - Scène nationale de Cherbourg-Octeville.

Toâ
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INFOS
Théâtre
Durée : 1h30
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